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Exclusif : récit de voyage 2015 chez les Algonquins (partie 3)

À la demande générale, nous avons accéléré la publication des parties de ce récit… Merci de votre intérêt!

Nous vous présentons ici, en exclusivité, le récit de voyage tout récent que nous ont transmis deux prêtres du diocèse de Saint-Jérôme de passage chez des Algonquins en Abitibi les 23, 24, 25 et 26 septembre 2015. Dernière de trois parties.

Kitcisakik (25 septembre 2015)
Population : 407 résidants

Cette communauté algonquine vivant maintenant près du réservoir Dozois est connue pour sa très grande pauvreté. Il n’y a ni électricité, ni eau courante, ni égouts… Il y a cependant un petit barrage d’Hydro Québec au village, mais il n’y a pas d’électricité; les gens utilisent des génératrices. Les Algonquins de Kitcisakik, ayant refusé à quelques reprises le statut de « réserve », sont considérés comme des « squatters » sur la terre qu’ils habitent depuis 6 000 ans. Au lac Dozois, on retrouve un bloc sanitaire dans le village comprenant 2 ou 3 douches et 4 toilettes pour une population d’environ 400 personnes, une nouvelle école primaire, un centre de santé, un nouveau CP, un centre pour l’éducation parentale, une maison multiservice ainsi que 70 maisons de différentes allures : des cabanes en « ripe pressée » jusqu’aux maisons nouvellement rénovées et recouvertes de « CanExel », mais aucune n’a d’électricité ni d’eau.

deux pretres lacSur les lieux, nous avons rencontré l’équipe Wapikoni, composée de jeunes Blancs de 25 à 35 ans, qui étaient au village depuis un mois environ. Cette équipe est un studio ambulant de formation et de création audiovisuelle des Premières Nations. Des interventions vraiment exceptionnelles qui permettent aux jeunes Autochtones et aux adultes de s’exprimer sur ce qu’ils vivent, sur l’avenir de leur langue, leurs traditions, l’importance du milieu naturel pour eux. Ce studio ambulant circule dans les réserves autochtones au Québec et ailleurs dans le monde et invite les Autochtones à faire un petit film de 4 à 5 minutes sur un thème qu’ils choisissent eux-mêmes; ils écrivent le scénario, et les jeunes de l’équipe les soutiennent et leur montrent comment utiliser les caméras. Ce studio était de passage à Kitcisakik, communauté où les gens ont faim, ont froid et sont exposés à la maladie. Le dépanneur du village répond à la demande de lait, de pain, d’aliments de base, de chips et de liqueurs, etc. On offre aussi des repas pour les résidants, le personnel blanc et les amateurs de motoneige.

Le lac Dozois et le Grand Lac Victoria sont des réservoirs d’eau créés par Hydro-Québec. Lors de leur création, des cimetières algonquins ont été malheureusement inondés. Pour se souvenir de leurs ancêtres disparus sous les eaux, les Algonquins ont construit un lieu pour se souvenir. Sur la « stèle commémorative », on peut lire : « Les sépultures d’ancêtres anicinapek de Kitcisakik ont été affectés par le barrage. Certaines ont dû être déménagées, d’autres sont aujourd’hui sous les eaux. Nous, leurs descendants et toute la communauté, voulons que leur repos se continue dans la sérénité. » Pour les médias, ce village est qualifié de bidonville au Québec. Les jeunes de l’équipe Wapikoni nous disent qu’ils vont présenter à la communauté les 5 films réalisés par des jeunes et des adultes de la place en début de soirée. Nous décidons de rester au village pour voir ces réalisations. Il fallait être témoins de la fierté dans les yeux des jeunes recevant un certificat pour leurs œuvres cinématographiques.

Image005_6A - CopieAprès cette rencontre, nous nous rendons au Grand Lac Victoria où les aînés du village passent l’été. Il y a 22 km à faire sur une route impraticable pour une voiture ordinaire; mais en 4 x 4, c’est passable. Deux jeunes Blancs de l’équipe ci-haut mentionnée prennent leur 4 x 4 et nous suivent pour voir ce lieu. Arrivés sur le bord du lac, sœur Renelle klaxonne plusieurs coups pour informer les gens de notre présence afin qu’une personne vienne nous chercher avec son bateau. Un monsieur algonquin arrive et nous montons dans son bateau. Après 10 minutes de navigation, nous arrivons sur les lieux. Nous sommes accueillis par Monique, son neveu Alfred et son jeune garçon, qui sont venus passer la journée avec nous; ils sont de la réserve du Lac-Simon. Il y a quelques ouvriers algonquins qui sont sur les lieux pour réparer les petites maisonnettes que nous pourrions appeler « cabanes ».  Là aussi, il n’y a ni eau courante, ni électricité, ni égouts, ni douches… Il n’y a que des toilettes sèches. L’emplacement, située sur le bord d’un beau grand lac, est magnifique. Ce lieu est leur campement d’été; lieu de liberté et de joie retrouvée. Les Algonquins y pêchent le poisson, y trappent; les enfants jouissent de la liberté en pleine nature. Les Autochtones ont la réputation d’être un peuple rieur. En ce lieu, ils retrouvent leur identité et leurs racines. On y trouve une petite église dans laquelle nous avons présidé l’eucharistie en compagnie de sœur Renelle, Monique, Alfred et son gars après avoir partagé le dîner. C’est très émouvant de nous retrouver dans ce lieu où les missionnaires ont prié avec les Algonquins.

DSCN0282Nous avons marché sur le site et nous avons échangé avec Monique, Alfred et sœur Renelle. Vers 17 h, nous avons repris le bateau pour traverser le lac et nous rendre au village Kitcisakik pour prendre une bouchée et participer à la projection des films réalisés par des jeunes et des adultes algonquins du village. Nous avons apprécié grandement cette activité à laquelle plusieurs personnes du village participaient.

Nous sommes rentrés au lac Simon après avoir passé une journée très spéciale à Kitcisakik, qui nous a marqués profondément. Chemin faisant, sœur Renelle nous a rappelé de nouveau les conditions de vie de ces Algonquins et Algonquines. En plus des conditions matérielles inimaginables, ils ont vécu pendant plusieurs années dans des conditions sociales et familiales indescriptibles : femmes battues, jeunes filles violées, incestes, ivrognerie, drogue,  etc. En 1980, le chef Donat Papatie, frère de Monique et père d’Alfred, a dénoncé cette situation et a appelé à un changement. Il reste beaucoup à faire pour cicatriser ces blessures profondes.

Enfin, nous avons pris une bonne nuit de sommeil au presbytère, la dernière de notre court séjour chez les Algonquins francophones de l’Abitibi.

Le retour (26 septembre 2015)

Nous avons repris la route après avoir visité la nouvelle résidence pour neuf personnes âgées et parlé avec quelques résidants. Sur la route du retour, nous avons parlé de tout ce que nous avons vécu chez ces Algonquins de l’Abitibi. Nous sommes heureux d’avoir vécu ensemble cette expérience et nous en avons rendu grâce au Seigneur. Il va s’en dire, nous avons pris plusieurs photos durant notre séjour.

En guise de conclusion, nous citons des paroles du rappeur Samian, originaire de la réserve de Pikogan. La chanson s’intitule : Rez.

Certains sont négligés, c’est le cas à Schefferville,
Kitcisakik, on dirait un bidonville.
Depuis longtemps on ferme les yeux, on accepte.
[…]
Un indien au Canada, c’est un prisonnier politique.
[…]
Je rêve qu’on sorte de vos réserves
[…]
étranger en notre propre pays.
Si on est Peau-Rouge,
c’est que Dieu nous a créés ainsi.

Michel Forget et Jean-Pierre Joly, prêtres
Diocèse de Saint-Jérôme, le 6 octobre 2015

Fin du récit

2 Commentaires

  • Boisvert Rene
    Publié 4 novembre 2020 à 8 h 39 min

    Bonjour à vous toutes et tous , et un merci spéciale à Sr Renelle que nous avons connue par les démarche de l’Éveil en Abitibi , Amos pour être précis, et avec Mme Céline Blanchette
    merci de m’avoir permis de visiter ce coin de ce beau pays et comme j »ai déjà visiter ce village Algonquins, Pikogan ca ma toujours marquer mais la de lire votre récit ca ma toucher de voir que mes frères et soeurs vivant dans la pauvreté par notre faute …
    Merci encore et je me permets de vous offrir mes humbles prières
    René Boisvert dp. de Weedon en Estrie

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