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Gardiennes et gardiens du territoire

Image en bandeau : Caribou | Photo : Brendon Van Zyl/Unsplash

La Conférence des Nations Unies sur la diversité (COP15), qui se tenait à Montréal du 7 au 19 décembre dernier, a marqué la fin de l’année 2022. Mission chez nous a eu le privilège d’assister à diverses activités tenues dans le cadre de cette conférence internationale, où la présence autochtone a été plus forte que jamais.

Un atelier particulièrement puissant donnait la parole à deux chefs innus, soit MM. Jean‐Charles Piétacho, à la tête de la communauté d’Ekuanitshit (Mingan), et Réal McKenzie, chef de la communauté innue de Matimekush–Lac John, près de Schefferville. Ces chefs ont témoigné de l’importance, pour le peuple innu, de prendre soin du territoire traditionnel, c’est‐à‐dire de Nutshimit, mot innu qui désigne l’intérieur des terres. Nutshimit, rappelait le chef Piétacho, c’est la maison, mais aussi l’université et la pharmacie des Innus. Et dans cette maison, soulignait‐il, « quelqu’un est entré et a fait beaucoup de dégâts, au nom du développement », rappelant les immenses cicatrices laissées sur le territoire par les compagnies minières, notamment. Ce territoire est aussi intimement lié à la langue innue, l’innu‐aimun. Saccager le territoire, c’est détruire la langue innue et, par le fait même, couper le lien avec les aînés et leurs savoirs.

Alice Chipot, du RRSE, et Mathieu Lavigne, directeur de Mission chez nous, à la COP15 | Photo fournie par Alice Chipot
Alice Chipot, directrice du RRSE, et Mathieu Lavigne, directeur de Mission chez nous, à la COP15 | Photo fournie par Alice Chipot

De son côté, le chef Réal McKenzie a rappelé l’importance du lien entre les Innus et le caribou, un animal longtemps au cœur de leur alimentation, et qui occupe aussi une place majeure dans leur spiritualité traditionnelle. Ancien pilote d’avion, chef McKenzie a survolé le territoire innu pendant 27 ans, observant les spectaculaires troupeaux de caribous, dont celui de la rivière George, un troupeau dont la population a décliné de… 99 % depuis les années 1990, passant de près de 800 000 individus en 1993 à environ 8 000 en 2020. Ce déclin, à ses yeux, est une autre illustration de l’impact d’un « développement » tout sauf durable sur le territoire, y rompant l’équilibre millénaire.

Lors de la COP15, une cible ambitieuse a été adoptée, soit que d’ici 2030, au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines soient protégées. Aux yeux de plusieurs personnes autochtones – mais aussi de nombreux alliés non autochtones –, ces cibles ne pourront être atteintes sans un engagement direct des Premiers Peuples, sans porter attention à leurs savoirs.

En 2017, le Réseau national des gardiens autochtones a vu le jour grâce à un investissement consenti par le gouvernement fédéral. Ce programme, rappelait récemment Delphine Jung, journaliste de Radio‐Canada, « vise à donner aux peuples autochtones davantage d’occasions d’exercer leurs responsabilités liées à l’intendance de leurs terres traditionnelles et de leurs eaux ». S’il y a une chose que nous pouvons souhaiter, pour l’année 2023, c’est bien que nous nous sentions toutes et tous, autochtones et non‐autochtones, gardiennes et gardiens du territoire, d’une terre dont nous prenons maintenant toute la mesure de la fragilité.

Nous aimerions remercier chaleureusement le Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises (RRSE), qui a rendu possible notre participation à la COP15.

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