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La supériorité culturelle, obstacle à la paix

Image en bandeau : Oiseau de paix | Photo : Sunguk Kim/Unsplash 

Depuis quelques années, une prise de conscience collective nous amène à écouter davantage les récits témoignant des nombreuses situations d’injustice vécues par les Premiers Peuples du Canada. Ainsi, nous avons commencé à mieux comprendre leurs souffrances. Et si, à l’instar de cet exemple, tous les peuples, au lieu de continuer à entretenir des rapports de domination ou de supériorité entre eux, apprenaient à déployer cette attitude d’écoute empathique, n’y aurait-il pas là une piste de solution pouvant conduire à davantage de paix?

Nous participons depuis quelques années à une prise de conscience collective. Nous écoutons davantage les récits témoignant des nombreuses situations d’injustice vécues par les Premiers Peuples du Canada. Nous avons tenté, parfois avec des lenteurs et des réactions d’autodéfense, de comprendre ce que ces hommes, ces femmes et ces enfants ont subi depuis l’arrivée des colons européens jusqu’à nos jours.  

Qu’il s’agisse de l’apartheid canadien des réserves indiennes ou du génocide culturel des enfants autochtones, parmi d’autres méfaits, nous sommes de plus en plus nombreux à saisir et à pouvoir assumer qu’une part de nous, au moins au passé, porte une responsabilité dans cette haine qui s’est érigée dans nos structures politiques, économiques et sociales contre une culture jugée inférieure. Et notre indignation nous incite à des rapprochements, parfois même à des fréquentations qui ont le pouvoir de guérir.  

Le chemin sera long avant de pouvoir commencer réellement à réparer, à restaurer. Mais convenons qu’un horizon semble se dégager.  

Aujourd’hui, je vous propose de penser la situation en Palestine à partir des leçons que j’ai tirées de la conversion graduelle de mon regard sur l’histoire et le vécu des populations autochtones du Canada. 

Des similitudes, hier et aujourd’hui

En relisant les histoires d’agressions et de conquêtes de la part de cultures dominantes sur des groupes minoritaires ou en situation de vulnérabilité, depuis les millénaires précédant l’Antiquité jusqu’à nous, il est possible de faire certains liens.  

Nous connaissons, au moins par bribes, l’histoire des Hébreux au temps de Moïse. La Bible raconte leurs souffrances, leurs humiliations, leurs morts causées par des bourreaux apparemment dépourvus d’humanité. Cette histoire est si vraisemblable que le Livre de l’Exode est encore, pour des millions d’humains une source d’espoir, poussés qu’ils sont par le rêve de « terre promise où coule le lait et le miel ». 

Plus près de nous, lors de la Deuxième Guerre mondiale, l’antisémitisme est devenu, pour des nations entières, une cause servant de prétexte à des alliances légitimant la terreur et la violence. Le fascisme allait jusqu’à épouser l’idée tordue qu’un génocide des Juifs disséminés en Europe aurait pour bienfait de rendre justice aux populations écrasées par la pauvreté dans l’entre-deux guerres.  

Considérons ce qui se passe en Chine, avec l’assimilation complète du Tibet ou le traitement ignoble imposé aux Ouïghours. Pensons à la Russie, qui prétend avoir le droit de réduire l’Ukraine à néant.  

Le mythe de la supériorité autoproclamée d’une culture sur l’autre n’a pas fini d’alimenter nos conflits. Chaque fois, nous voyons le même mal se répéter inlassablement, avec le même résultat : la violence d’un groupe sur l’autre ne fait qu’engendrer plus de souffrances. Lorsqu’il en a l’occasion, le groupe dominé se sent légitimé de reproduire à son tour les agressions qu’il a subies, parfois par des violences plus grandes encore.  

La vengeance est rarement assouvie. Au contraire, même, l’humiliation, la colère et l’impuissance finissent par détruire, de l’intérieur, le meilleur d’une culture, car ces émotions envahissantes se retournent fatalement contre ses membres eux-mêmes, en entravant leur épanouissement. N’est-ce pas ce que les communautés autochtones ont vécu alors que les victimes des pensionnats, notamment, n’ont trouvé que le silence et l’autodestruction comme moyens d’enfouir leurs traumatismes? 

Vérité et Réconciliation à l’heure de la Palestine 

Il y a si peu d’exemples de véritable libération d’un peuple sans violence. Le plus près d’une réussite? Peut-être le renversement relativement tranquille du pouvoir des Blancs, en Afrique du Sud, par une population largement majoritaire discriminée, repoussée dans des territoires exigus, privée de droits civiques, soumise à des conditions de vie dégradantes et à des violences quotidiennes. Les 27 années d’incarcération de Nelson Mandela l’auront amené à comprendre que, pour en finir avec la souffrance subie, il faut entrer en dialogue avec ses bourreaux, leur montrer un chemin de paix qui garde intacte leur dignité d’êtres humains, malgré la terreur qu’ils ont causée. 

Au Proche-Orient, chaque fois qu’une nouvelle poussée de violence affecte les Palestiniens et les Israéliens, des voix se font entendre pour affirmer qu’une seule solution est possible. Elle passe par la volonté d’une vraie trêve qui peut réanimer le sentiment de sécurité, et par la négociation visant à garantir le respect des droits des uns comme des autres dans des états indépendants. 

Nous pouvons imaginer une solution à la situation palestinienne en prenant appui sur celle de nos Premiers Peuples. Lorsque des victimes racontent leur vécu, leur parole devient un feu qui consume peu à peu les résistances à voir les torts causés et à en prendre responsabilité. C’est ainsi que les blessures guérissent et laissent place à de nouveaux positionnements, plus équitables, plus fructueux.  

Si nous avons commencé, collectivement, à développer une empathie pour les autochtones, c’est parce que nous avons peu à peu accepté de reconsidérer notre histoire à partir de leurs récits. En racontant leurs histoires, les autochtones se sont réapproprié leur culture, leurs spécificités spirituelles, leurs langues et leur fierté d’être un peuple harmonieux sur le territoire et avec lui. Cette dignité retrouvée appelle au respect et à la reconnaissance mutuelle. 

Paix, שלום , سلام 

Nous devons écouter davantage les souffrances que les Palestiniens subissent depuis 75 ans. Nous devons reconnaître également que le mal qui se déchaîne actuellement à Gaza et en Cisjordanie prend racine dans les attitudes et les comportements de toutes les parties en cause. Seule une écoute empathique des récits relatant les pertes immenses vécues par les uns et les autres a le pouvoir de nourrir une saine compassion pour les trop nombreuses victimes, quelle que soit leur appartenance.  

Une telle perspective est possible seulement lorsque cessent les hostilités, que s’installe une trêve durable et que, réciproquement, on se remet à croire que le cœur de l’ennemi porte en lui le même rêve de paix, dans son humanité meurtrie.  

Cette brèche dans la haine peut laisser filtrer à nouveau la conviction que la paix demeure la seule chose qu’un Dieu juste et bon pour tous et toutes, sans distinction, permet d’accomplir en son nom. Et si, sur cette terre promise, le prix en est que ses habitants doivent partager « le lait et le miel », cela vaut mieux que toutes les vies sacrifiées aux démons qui se nourrissent à l’infini de représailles.  

1 Commentaire

  • aline
    Publié 21 novembre 2023 à 16 h 10 min

    merci de ce que vous avez envoye c,est apprecie. AYANT ADOPTE 2 personnes premiere nation. j,avais 50 lors de l,adoption de Nicole et ensuite de Monique, les deux des tresors. Elles ont fini l,universite donc elles ont pu obtenir de bonnes positions. Et les deux implique dans les premieres nations. J,ai maintenant 92 ans et elles avent qu,elles sont aimees SVP gardez les dans vos prieres Merci

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