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Les récits de notre terre : Les Malécites

Image en bandeau : Lire en nature | Photo : Ben White/Unsplash

Recension du livre : Daniel Clément, Les récits de notre terre. Les Malécites, Les Presses de l’Université Laval, 2023, 143 p. (Coll. « Tradition orale »)

En 2019, Mission chez nous profitait du lancement de la collection « Tradition orale » aux Presses de l’Université Laval pour présenter le premier opus consacré aux Atikamekw (voir cette recension). Pour notre plus grand plaisir, la collection a poursuivi cette aventure au long cours des histoires de notre terre, consignant et diffusant différents mythes et récits autochtones du nord-est de l’Amérique du Nord. Vu la richesse de cette série réalisée par l’anthropologue Daniel Clément, il semble opportun de présenter le nouveau titre en lice consacré cette fois aux Malécites, une Première Nation peut-être un peu moins connue.

Nommé autrefois sous l’ethnonyme d’Etchemins, les Malécites ou Wolastoqiyik (le Peuple de la Grande Rivière) se retrouvent au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans l’État du Maine aux États-Unis, évoluant principalement autour de la rivière Saint-Jean, qui traverse du nord au sud leur vaste territoire pour se jeter dans la baie de Fundy, près de Saint-Jean. Au Québec, on ne compte qu’une seule communauté à Cacouna, la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (la Première Nation de Viger) reconnue en 1989.

Le présent recueil reprend le modus operandi de la série avec une présentation de la Première Nation suivie de la retranscription de quarante-cinq récits structurés sous neuf rubriques. Pour débuter, l’auteur propose de faire la connaissance de Gluskap, un héros mi-homme mi-surnaturel. On verra ensuite quelques histoires mettant en scène Laks, un personnage qui a les traits du Décepteur ou du Carcajou, dont la présence dans les mythologies algonquiennes est abondante. La partie Autres héros, propose de suivre les aventures et mésaventures de Poktchinswes, Pékan et des medeulin (chamanes). Dans la section Êtres surnaturels, les géants, les cannibales et les petites gens sont mis en scène. Puis vient la section Les esprits et les fantômes, notamment avec le récit d’un homme qui suit sa femme au pays des esprits ou encore l’apparition d’une mystérieuse boule de feu. Ensuite, comme chez plusieurs autres Premières Nations, des histoires d’unions entre humains et animaux sont aussi présentes chez les Malécites. La rubrique suivante concerne le bestiaire wolastogiiyik où l’on découvre notamment les effets néfastes de l’alcool sur Perdrix. Les relations avec l’homme blanc, ainsi que des victoires par stratagèmes sur les Mi’gmaq et les Mohaws, composent la huitième section. Enfin, dans le dernier volet, on y apprend comment est né le maïs, une plante cultivée par les Malécites.

Chutes réversibles sur le fleuve Saint-Jean au Nouveau-Brunswick
« Gluskap suggéra que tout le long de la rivière une moitié coule vers l’amont, et l’autre moitié, vers l’aval. Les Indiens pourraient ainsi remonter la rivière en canot sans difficulté. Mais Mikumwesu s’y opposa et lui dit : « Non, ce serait trop facile pour eux. » Gluskap répondit : « Eh bien! laissons l’eau remonter aussi haut que Spring Hill la moitié du temps et laissons-la descendre l’autre moitié du temps. » Mikumwesa acquiesça ». (p. 14). Chutes réversibles sur le fleuve Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. | Photo : Pascal Huot

Cette collecte de sources de tradition orale, principalement issues de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, permet une incursion dans l’univers des Malécites par l’histoire, les mythes, les croyances, le territoire, le bestiaire… De plus, l’auteur a pris soin d’ajouter en fin d’ouvrage les sources d’origines ainsi que les différentes variantes et précisions le cas échéant.

Collection de référence amusante et instructive, l’ensemble constitue une belle occasion d’explorer également les titres précédents, permettant ainsi de comparer les récits et thématiques entre les différentes Premières Nations du Québec.

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