« Qu’est-ce que la vie? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au couchant. » Telles furent les paroles de Crowfoot, grand chasseur, guerrier courageux et chef de la nation siksika sise au Sud de l’Alberta, lorsqu’il fut sur le point de mourir. Comment ne pas reconnaître la réelle teneur de la vie en ce moment aussi crucial!
En ce temps de Pâques, où nous célébrons la vie plus forte que la mort, où la fraîcheur du printemps reprend tranquillement ses droits sur la froideur de l’hiver, où nous chantons la vie et le Vivant sous toutes ses formes et en rendons grâce, nous voulons vous transmettre tous nos meilleurs vœux afin que vos chemins d’engagement au quotidien soient remplis d’ardeur, de vivacité et de souffle et parsemés des bienfaits de la vie en abondance.
Aussi, ces pensées du chef lakota Standing Bear1 sont-elles bien à propos au sujet de l’attachement à la Vie :
Le Lakota était empli de compassion et d’amour pour la nature. Il aimait la terre et toutes les choses de la terre, et son attachement grandissait avec l’âge. Les vieillards étaient − litéralement − épris du sol et ne s’asseyaient ni ne se reposaient à même la terre sans le sentiment de s’approcher des forces maternelles. La terre était douce sous la peua et ils aimaient à ôter leurs mocassins et à marcher pieds nus sur la terre sacrée. Leurs tipis s’élevaient sur cette terre dont leurs autels étaient faits. L’oiseau qui volait dans les airs venait s’y reposer et la terre portait, sans défaillance, tout ce qui vivait et poussait. Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait.
C’est pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces de la vie. S’asseoir ou s’allonger ainsi leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement; ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et ils se sentaient plus proches de toutes les forces vivantes qui les entouraient…
Ces relations qu’ils entretenaient avec tous les êtres sur la terre, dans le ciel ou au fond des rivières étaient un des traits de leur existence. Ils avaient un sentiment de fraternité envers le monde des oiseaux et des animaux qui leur gardaient leur confiance. La familiarité était si étroite entre certains Lakotas et leurs amis à plume ou à fourrure, que, tels des frères, ils parlaient le même langage.
Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le cœur de l’homme éloigné de la nature devient dur; il savait que l’oubli du respect dû à ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l’homme. Aussi maintenait-il les jeunes gens sous la douce influence de la nature.
Cet attachement à la vie et à ce qui fait vivre en plénitude nous est profondément nécessaire, tout comme les Lakotas. Aussi, puissions-nous, en tant que disciples du Vivant, du Ressuscité, nous attacher avec ardeur à la Vie et à ses bienfaits, et à tout ce qui apporte libération et liberté à l’être humain et à toutes les créatures. Nous sommes de cette trempe, celle des mordus de la Vie.
Alors, à tous et toutes, Mino Abidjiba kijigan!
( « Joyeuses Pâques » en algonquin)
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1. Tiré de T. C. McLuhan (textes réunis par), Pieds nus sur la terre sacrée, Paris, Denoël/Gonthier, 1974, p. 17-18.