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Nikanik e itapian : Un avenir autochtone «décolonisé»

Image en bandeau : Lire en nature | Photo : Ben White/Unsplash

Recension du livre : Sipi Flamand, Nikanik e itapian Un avenir autochtone « décolonisé », Wendake, Éditions Hannenorak, 2022, 80 p.

Publié dans la collection Harangues des Éditions Hannenorak, laquelle a pour objectif de faire entendre de nouveau la voix des Premières Nations, le court essai de Sipi Flamand constitue un exercice de réflexion fort pertinent. Ancré dans les valeurs traditionnelles et actuelles de sa communauté, le nouveau chef de la communauté atikamekw de Manawan depuis 2022 propose de tourner notre regard vers le futur des Premières Nations. Nikanik e itapian signifie « regarder vers l’avant » ou « regarder vers l’avenir » (p. 9). L’auteur nous invite donc à réfléchir à sa suite autour de deux projections du monde à venir : l’une positive et l’autre pessimiste.

Dans son discours, il prend d’abord le temps de faire un retour sur les événements du passé, une brève rétrospective historique permettant de mettre en relief la volonté, pour le trentenaire, d’en arriver à une pensée décolonisée! En effet, comme le livre est publié alors que le discours politique ambiant parle de réconciliation, il met en garde contre les feintes et les sempiternelles manipulations du pouvoir en place.

Sa réflexion prend appui sur la philosophie des sept générations, soit celle qui affirme que nos actions ont une incidence sur la vie de nos petits-enfants et arrière-arrière-petits-enfants. Il en appelle aux valeurs de respect et de responsabilité.

Mais alors, cet avenir, quel sera-t-il? Prendra-t-il une forme idéale, avec des solutions aux problèmes actuels qui touchent tous les peuples? Ou s’enlisera-t-il dans les magouilles, l’exploitation et l’avilissement du vivant jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien? Certes, ces deux visions peuvent faire sourire parfois, frôlant le rêve utopique et le cauchemar terrifiant. Derrière celles-ci se dresse pourtant la véritable question : à quel monde voulons-nous contribuer? Quelle vision, entre la positive et la pessimiste, devrait être le moteur de nos actions ici et maintenant?

Sans tomber dans la moralisation, le ton de l’essai emprunte parfois des traits d’humour fort rafraîchissants, peut-être inspirés par l’esprit des légendes wisiketcakw, et sa « sagesse parfois rocambolesque » (p. 8)! Avec ces deux conceptions antagoniques de l’avenir, il devient évident que, pour Sipi Flamand, le temps ne doit pas être à une réconciliation restrictive au profit du sempiternel statu quo. L’auteur poursuit son appel à une décolonisation des pensées, des discours et des actions politiques et culturelles pour en arriver à un changement durable.

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