Image en bandeau : marcher ensemble | Photo : Pascal Bernardon/Unsplash
À propos de la réconciliation, de beaux discours ont été prononcés. Des promesses ont été faites. Mais des gestes concrets ont-ils suivi?
La notion de « réconciliation » est souvent évoquée lorsque sont abordées les relations entre personnes autochtones et non autochtones. Du côté autochtone, cette notion est parfois jugée suspecte. L’aînée anicinabe Claudette Commanda, première chancelière autochtone de l’Université d’Ottawa, préfère d’ailleurs parler de réconciliaction : après les mots, ou les changements symboliques, doivent venir les gestes concrets, les actions structurantes.
Dernièrement, des actions importantes ont été effectuées, notamment sur le plan politique. Le gouvernement fédéral a signé des ententes‐cadres avec les communautés wendate de Wendake et anicinabe de Kitcisakik. Bien sûr, il ne s’agit que d’un premier pas vers la signature éventuelle d’un accord définitif, mais il est important. Par exemple, l’entente élaborée conjointement par le Conseil de bande de Kitcisakik et le fédéral prévoit des discussions sur nombre de sujets dont le régime territorial, la gouvernance des terres, l’autonomie gouvernementale, la fiscalité, le développement économique et la protection du territoire, de la culture et des droits en lien avec les activités traditionnelles anicinabek1.
Qu’en est‐il de l’Église? Des gestes concrets ont‐ils été faits? Oui! Donnons deux brefs exemples. D’abord, les Archives des Jésuites au Canada ont récemment fait don d’un dictionnaire manuscrit ojibwé‐français au Shingwauk Residential Schools Centre, don qui symbolise l’engagement fort des Jésuites du Canada envers la vérité et la réconciliation. « Nous étions déjà en relation [avec le] Centre depuis dix ans. Le don s’inscrit dans le volet de développement de relations à long terme », note François Dansereau, directeur des Archives2. Des discussions sont aussi en cours pour la restitution d’artefacts que les Musées du Vatican ont en leur possession, sujet cher au pape François.

Autre geste concret: le Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal a organisé, du 8 au 12 mai, une formation sur le thème : « Marcher ensemble » vers la vérité, la guérison, la réconciliation et l’espoir. Plusieurs personnes liées à Mission chez nous ont contribué à cette semaine destinée aux séminaristes. C’était une première pour le Grand Séminaire, qui vient ainsi donner suite à l’appel à l’action no 60 de la Commission de vérité et réconciliation.
Le chemin vers la rencontre, le dialogue, la justice et la guérison reste à approfondir, mais il est clair que, près d’un an après la visite papale au Canada, des pas sont faits. Il s’agit dès lors de poursuivre la route, d’inscrire dans la durée ces initiatives qui viennent traduire en actes un désir véritable de « marcher ensemble ».
Ce texte est paru initialement en ouverture du sixième numéro de notre bulletin Confluents.