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S’accueillir comme des sœurs et des frères en humanité

Image en bandeau : La route vers Opitciwan | Photo : courtoisie Jean Gagné

Pour la première fois en août dernier, Jean Gagné, responsable des communications au diocèse de Chicoutimi, s’est rendu à Opitciwan pour apprivoiser son nouveau mandat en tant que prêtre collaborateur en lien avec le couple nouvellement responsable de la charge pastorale de la Mission Saint-Étienne.

Au printemps dernier, Mgr René Guay m’a approché pour me proposer de me joindre à Jocelyne Guénard et à Alain Bilodeau, d.p. qui seraient nommés couple responsable de la prise en charge pastorale de la Mission Saint-Étienne à Opitciwan (Obedjiwan). En ce qui me concerne, étant déjà responsable des communications au diocèse de Chicoutimi, mon mandat se « résumerait » à être présent auprès de la communauté à titre de prêtre collaborateur. Tout cela n’était que projet. Après un temps de discernement de part et d’autre, nous avons accepté. Comme j’ai été responsable de la paroisse Sainte-Kateri-Tekakwitha à Mashteuiatsh durant six ans comme prêtre modérateur, j’étais plus à l’aise de le faire.

Le 13 août dernier, je faisais route vers Opitciwan, qui est à 375 km de Chicoutimi. Comme je ne suis pas un gars de bois, ne pratiquant ni la pêche ni la chasse, je ne me suis jamais aventuré seul en forêt sur une route forestière longue de 166 km à partir de la route 167 du parc de Chibougamau. Sur la route, je me suis fait confiance. J’avançais au gré des kilomètres, admirant la nature, mais surtout découvrant un chemin qui m’était inconnu. Pourquoi ai-je dit oui à cette nomination ? La crainte m’a envahi. Dans le contexte actuel de ce que nous apprenons sur les pensionnats, serai-je à la hauteur ? Quel accueil va-t-on réserver au prêtre que je suis ? Près d’une heure avant d’arriver à Opitciwan, je me suis laissé envahir par cette pensée : « La vie me propulse vers l’avant. Alors, pourquoi pas ! » Une chose était claire dans mon esprit, celle que je n’allais pas à Opitciwan pour vivre des activités de pêche et de chasse, mais pour aller à la rencontre de personnes que je ne connaissais pas encore et que j’étais invité à découvrir. J’y suis allé avec une grande humilité, en ayant en tête les mots du pape François qui nous invitait en juillet dernier, lors de son passage au Canada, à marcher ensemble. Je me suis rendu à Opitciwan afin que l’on puisse marcher, mais aussi apprendre ensemble, et regarder vers un même horizon.

Lors de mon arrivée au presbytère, y saluant Jocelyne et Alain, ces derniers m’ont fait part d’un coup de fil qu’ils avaient reçu une heure avant mon arrivée. « Celui qui vient est-il arrivé ? », de demander leur interlocuteur au bout du fil. J’étais attendu !

Après le souper, nous nous sommes promenés dans le village. Puisque Jocelyne et Alain m’avaient devancé d’une semaine, ils me faisaient découvrir les lieux. Comme le village est situé en bordure du réservoir Gouin, nous nous sommes attardés au bord de l’eau.

Jean Gagné à l'intérieur de l'église | Photo : courtoisie Jean Gagné
Jean Gagné à l’intérieur de l’église | Photo : courtoisie Jean Gagné

Le lendemain matin, soit le dimanche, nous nous nous sommes rendus à l’église pour la messe dominicale. Francine, une kokom comme on la nomme là-bas, nous a réservé un bel accueil et nous a présentés aux quelque 50 personnes présentes. Elle a cité le pape François qui, quelques semaines auparavant, nous invitait à marcher ensemble. En prenant la parole comme président d’assemblée, j’ai poursuivi la réflexion en lien avec ce mot d’accueil en exprimant le sentiment qui nous habitait tous les trois. J’ai également repris ce mot écrit par le Comité d’église Saint-Étienne, que j’ai découvert sur le babillard en arpentant l’entrée de l’église en attendant les gens :

Nous croyons que le Seigneur a répandu son Esprit saint sur tous les baptisés qui sont devenus son peuple, le peuple des enfants de Dieu. Nous sommes le peuple de Dieu à Obedjiwan et nous avons tous les dons et talents qui sont nécessaires à la vie communautaire pour s’exprimer.


Pour que les célébrations à l’église soient belles et qu’il y ait le plus de participation possible, des hommes et des femmes ont accepté, au nom du Seigneur, la responsabilité de vous inviter à vous impliquer dans la célébration. Vous n’êtes jamais obligés d’accepter, mais le Seigneur veut avoir besoin de toi [sic]. N’ayez pas peur et acceptez si possible ces invitations
.

Ce mot exprimait très bien le sentiment qui nous habitait tous les trois, à savoir que nous n’étions pas venus à Opitciwan pour faire des choses à la place des membres de la communauté ni pour enseigner aux gens à faire quoi que ce soit, mais bien, dans la fidélité à l’esprit du baptême que nous avons tous reçu, autochtones et allochtones, pour mettre de l’avant les charismes dont Dieu nous a fait don. Personnellement, j’aime définir le trio que nous formons comme étant une sœur et deux frères qui, avec les sœurs et les frères atikamekw de la communauté d’Opitciwan, apprendront à se connaître.

Jean s'adressant aux gens de l'assemblée | Photo : courtoisie Jean Gagné
Jean s’adressant aux gens de l’assemblée | Photo : courtoisie Jean Gagné
Jean Gagné, Jocelyne Guénard et Alain Bilodeau à Opitciwan | Photo : courtoisie Jean Gagné
Jean Gagné, Jocelyne Guénard et Alain Bilodeau à Opitciwan | Photo : courtoisie Jean Gagné

Comme prêtre, j’ai commencé à offrir aux gens de la communauté ce dont elle a besoin sur le plan sacramentel, soit, entre autres, l’eucharistie, le sacrement du pardon et le sacrement des malades. C’est peu pour l’instant, si je tiens compte du fait que je ne suis présent à Opitciwan que deux jours par mois. Mais déjà, dans ce peu que j’ai pu leur offrir jusqu’à maintenant, je me sens pasteur. Ce sentiment est monté en moi lors de mon passage en novembre.

Je ne regrette aucunement le oui que j’ai dit pour me faire présent auprès des gens de la communauté d’Opitciwan. Peu à peu, j’apprends à les connaître. Je suis convaincu que Jocelyne, Alain et moi allons vivre quelque chose de beau avec ces gens qui nous apprendront beaucoup plus que ce que nous pourrons leur apprendre nous-mêmes. Je crois qu’il n’y a pas plus beau cadeau que celui de s’accueillir comme des sœurs et des frères en humanité.

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