Le jeudi 19 mai dernier avait lieu à Mont-Tremblant même un souper-bénéfice organisé par le secteur Mont-Tremblant du diocèse de Mont-Laurier dont tous les profits ont été remis à Mission chez nous. Cette soirée se tenait sous la présidence d’honneur de Mme Nicole O’Bomsawin, Abénaquise, conférencière invitée pour la soirée. Les participantes et participants sont ainsi venus des quatre coins du diocèse pour manifester leur solidarité avec nos frères et sœurs autochtones.
L’équipe de la préparation du repas, formée des Filles d’Isabelle et du chef cuisinier Frédéric Baësa, s’est d’ailleurs donnée corps et âme pour offrir un souper «digne d’un roi». Parmi les dignitaires reçus à cette table, que l’abbé Morin, prêtre-modérateur du secteur, a accueilli chaleureusement au nom du groupe, on peut mentionner, Mgr Paul Lortie, évêque du diocèse de Mont-Laurier, Mgr Vital Massé, évêque émérite et membre administrateur du C.A. de Mission chez nous, l’abbé Marc Richer, vicaire général, Mme Suzanne Tremblay, directrice générale de l’organisme, et Mme Nicole O’Bomsawin, conférencière invitée.
Groupe des organisateurs et des bénévoles
Après le repas, l’abbé Steven St-Amour présente la conférencière Mme Nicole O’Bomsawin en ces termes : «Mme O’Bomsawin est une anthropologue et muséologue de formation, c’est une femme engagée et militante écologiste, consultante autochtone auprès des organisations les plus diverses et conférencière très recherchée. Elle a des talents de conteuse ressuscitant les anciennes légendes de sa communauté. Elle a occupé longtemps le poste de directrice du Musée des Abénakis et elle a été conseillère dans son Conseil de bande. Nicole O’Bomsawin s’est aussi engagée avec une indomptable énergie dans la promotion de la condition des femmes en général, et de celle des femmes autochtones en particulier.»
Nous vous présentons ici quelques points forts de la conférence :
Mme Nicole O’Bomsawin
Mme O’Bomsawin clarifie d’abord les différents noms donnés aux Autochtones : autochtone, amérindiens, indiens… Les anthropologues les nomment Amérindiens. En 1970, on parle des femmes autochtones du Québec. Pour sa part, elle préfère senommer d’après sa communauté, les Abénaquis. Elle est une Abénaquise. Elle travaille pour l’avancement de la condition des femmes. Par exemple, il est bon de savoir que les femmes n’héritent pas de leurs parents si elles ont perdu leur statut à cause d’un mariage avec un blanc si elle quitte sa communauté. Elles ne pourront pas non plus être enterrées dans le cimetière ancestral parce qu’elles ont perdu leurs droits.
C’est une grave injustice, puisque les hommes autochtones peuvent marier une femme qui n’est pas de leur clan et celle-ci garde tous les droits comme une autochtone vivant dans la communauté. À la suite des pressions des femmes autochtones et des communautés religieuses qui s’adressent à l’ONU, celles-ci réussissent à faire changer la loi de 1985 à ce sujet.
Dans un court intermède, Mme O’Bomsawin interprète le chant du Jour de la terre qui est célébré le 22 avril. Elle s’accompagne au tambour. Ensuite, elle interprète un chant à la Vierge, puisque les Abénakis ont une grande dévotion à Marie.
Autre exemple d’injustice : les hommes autochtones dirigent le Conseil de bande. Elle travaille beaucoup à faire changer les choses et réussit à faire nommer une femme sur le Conseil de bande. Quelques années plus tard, elle deviendra la Chef du Conseil de bande.
Présentement, elle est à sa retraite et poursuit son travail auprès des femmes.
On accuse souvent les Autochtones de ne pas payer de taxes, mais ce qu’il faut savoir c’est qu’en ne payant pas de taxes, ils n’ont pas droit aux services sociaux. Ils doivent payer leurs soins médicaux ainsi que l’éducation des enfants. Ils n’ont pas droit aux services publics, par exemple les autobus scolaires pour les étudiants. Le fond de leur terre appartient à la Couronne, ils ne sont pas propriétaires. Ils ne peuvent avoir accès au crédit, car ils n’ont pas de biens à donner en garantie. Il faut obtenir une lettre du Ministre des affaires indiennes pour pouvoir emprunter. Les gens doivent constater que nous sommes disponibles pour expliquer notre situation et que nous sommes tous des humains.
Beaucoup d’autres exemples viennent illustrer la situation des Abénaquis dans leur communauté.
Propos recueillis par Mme Colette Légaré
Mme Suzanne Tremblay, directrice générale de Mission chez nous, qui était présente lors de l’activité, a commenté la soirée avec ces propos : « Je suis fière d’être ici au nom de Mission chez nous. Nous sommes ici pour solliciter des dons afin d’aider les peuples autochtones qui sont sur notre territoire à vivre en toute dignité. Beaucoup de choses restent à faire pour nos frères et sœurs autochtones, car les besoins sont immenses (par exemple, par rapport à la question du suicide des jeunes Autochtones). Notre organisme reçoit beaucoup de demandes, et nos ressources sont très limitées encore devant tant à faire. Je suis heureuse cependant, car l’espoir existe. Nous sommes l’espérance qui continue à avancer sur un chemin de pierre. Nous pouvons ressentir les efforts qui se font entre les peuples pour vivre concrètement la solidarité. »
Bref, la soirée fut un grand succès.
Aussi, Mission chez nous tient à remercier à tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin ont participé à cette magnifique initiative, qui doit se répandre partout au Québec. Merci au secteur Mont-Tremblant du diocèse de Mont-Laurier d’avoir organisé cette soirée-bénéfice. Merci aux organisateurs, organisatrices et bénévoles qui ont donné leur temps et leur énergie sans compter. Merci à tous les participants et participantes à cette soirée qui ont manifesté concrètement leur solidarité par leur présence.
Nous tenons à nous excuser du long délai qui a eu lieu avec la publication de ce compte rendu de la soirée-bénéfice du diocèse de Mont-Tremblant. Quelques problèmes techniques nous ont retardés. Merci de votre compréhension.