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Yändata’ : L’éternité au bout de ma rue

Image en bandeau : Lire en nature | Photo : Ben White/Unsplash

Recension du livre : Jean Sioui, Yandata’ – L’éternité au bout de ma rue (Wendake, Éditions Hannenorak, 2021, 166 p.)

Avec Yandata’ – L’éternité au bout de ma rue, Jean Sioui nous amène à découvrir le Village des Hurons de son enfance. Les récits défilent avec bienveillance et humour autour des mémoires de l’auteur qui retourne vers ce territoire qui lui paraissait jadis immense, vers ses habitants colorés, parfois issus de son imaginaire d’enfant. Le poète se prête à cet exercice de style avec beaucoup d’autodérision, dévoilant ses souvenirs sans fausse complaisance.

Lorsqu’il est question de la famille, les anecdotes sont empreintes de joie. Les rires retentissent avec ces joueurs de tours qui se passent le mot de génération en génération. Comment ne pas suivre les traces de ce père qui ballote avec sa voiture une mouffette bien cachée dans une boîte tenue au bout d’un bâton! Les passants curieux osant s’approcher repartent aussitôt horrifiés par ce qu’ils voient ! Du noyau familial ressortent amour, admiration et, surtout, un grand respect.

La transition vers l’école se fait cependant plus difficilement, le milieu de l’éducation de l’époque imposant un sévère contrôle sur les enfants et employant la force lorsque requis. Les pères et les mères de la religion ne méritent pas tous forcément leurs titres ! Quelle absurdité d’y découvrir que les enfants des Pupilles de l’État — qui ne peuvent accéder à la propriété — doivent acheter des Chinois ! Et quelle horreur ce passage obligé chez l’arracheur de dents de manière récurrente, année après année !

Les récits s’écoulent dans une cascade de souvenirs tous plus intrigants les uns que les autres. Et les émotions jaillissent : sourire et tendresse pour ce frère si malchanceux dans les coups pendables, sentiment de liberté non refréné par le milieu encourageant les sorties en canot, les escapades avec les amis ou encore le bonheur des chevaux. La présence des touristes amène également un moment de réflexion sur le changement des mentalités ainsi qu’un respect pour la nouvelle génération.

Ce livre d’apparence si petit prend, le temps d’une lecture, la forme d’une chaleureuse maison d’enfance qui accueille les visiteurs de passage. Il ouvre l’espace au temps et permet de se sentir comme un invité privilégier dans un lieu partagé et bienveillant.

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